Alors en fait c’est tout simple.
Un beau matin d’octobre, Pierre prend les photos des nouveaux joueurs pour qu’on les mette sur le site. En voulant transmettre la carte mémoire contenant ces dernières à Bruno, il trébuche dans les escaliers et se fracture l’oreille. On l’emmène à l’hôpital. Pierre, conscient de l’importance des photos, a la présence d’esprit de transmettre celles-ci à l’infirmière avant de tomber dans les pommes pendant qu’elle lui met du mercurochrome sur le genou. L’infirmière confie ensuite les photos à Bruno qui attendait dans les couloirs, angoissé, en compagnie de toute la Lipaix, pour savoir si Pierre pourrait un jour retrouver l’usage de son lobe d’oreille. Sauf qu’elle le confond avec Séb parce qu’ils n’ont pas la même taille, ni le même nombre de cheveux. Séb a désormais pour mission de transmettre celles-ci à Nico, notre graphiste. En prenant un taxi pour se rendre chez celui-ci, le chauffeur lui dit qu’il connait un raccourci vachement mieux et plus rapide pour se rendre avec une vitesse supérieur du point A au point B afin d’y être en avance et plus tôt que prévu. Sauf qu’au lieu de tourner à droite, le chauffeur tourne tout droit et se retrouve donc en Colombie, au beau milieu d’une guérilla opposant les partisans du Général Sancho Marquez Esperanza Olivero Tapas Corrida De La Vega à ceux de Carlos Valderrama. Conscient de sa ressemblance capillaire avec ce dernier, Séb se teint en blond et prend le contrôle du pays grâce à un slogan fédérateur : « Aïe Aîe Aïe ! Caramba ! ». Lors de son discours d’investiture à Bogota, devant 500 000 socios remplis d’espoir jusqu’à ras bord, il émet le souhait de voir son peuple à nouveau uni et conquérant pour vaincre les inégalités et les préjugés et redonner sa grandeur d’antan à la Colombie. Il termine cette allocution historique en désignant un point à l’horizon qu’il demande à tous de contempler et en profite pour s’enfuir. Après 36 jours et 36 nuits passés à se cacher dans les cales d’une galère pirate, à se nourrir des maigres rats qui croisent son chemin et de la sueur des esclaves enfermés à ses côtés, il débarque enfin à Abidjan en Côte d’Ivoire ou l’attend Nico à qui il avait donné rendez-vous par poisson-chat voyageur. Ce dernier récupère les photos, souhaite à Séb une bonne continuation dans sa carrière politique et remonte dans sa jeep. Au beau milieu du désert saharien, il se fait arrêter par des militants anti-Dakar à qui on ne la fait pas. Alors qu’ils s’apprêtent à lui couper la tête, une vive lumière surgit du ciel, son corps quitte peu à peu la pesanteur et s’envole brusquement dans les airs puis dans la pénombre d’un objet volant non identifié. Apercevant un pied à 3 orteils oranges s’approcher de son visage, il plonge la carte mémoire dans son caleçon et se l’enfonce dans l’anus avant de s’évanouir. Des flashs répétés le ramènent à la réalité. Malgré un mal de crâne insoutenable, il parvient à comprendre qu’il est au milieu d’une cellule capitonnée, complètement nu, les pieds et les mains liés, les tétons reliés par du fil de fer à ce qui semble être la batterie de ce qui était jadis sa jeep et que 3 connards d’extraterrestres sont en train de poser à ses côtés pour des photos souvenirs. Alors qu’un quatrième alien entrouvre la porte, avec un air de pas avoir envie de rigoler, les 3 touristes quittent rapidement leurs sourires et leur appareil photo sous les remontrances et vérifient que le circuit électrique est fonctionnel. La première décharge est si violente qu’il donne l’impression à Nico que tous ses ongles et ses dents ont été arrachés simultanément. La deuxième décharge ne viendra pas. D'une puissante contraction musculaire il fait éclater ses liens, il empoigne ensuite en un éclair la jambe d’un alien et plante son index à travers les chairs de sa cuisse jusqu’à sentir son fémur. Il profite de l’intérêt de son compère parti récupérer l’appareil photo afin d’immortaliser cet instant insolite pour lui décocher un retourné sous le menton qui lui fait remonter sa mâchoire inférieure au dessus des yeux. Il esquive le troisième E.T, qui était en train de lui foncer dessus, attrape sa tête sous son bras et brise sa nuque d’un geste ferme. Sa première victime le fixe, les yeux grands ouverts en se malaxant la cuisse. Nico le fait déguerpir d’un simple « Bouh ! ». Il part à sa suite, croise une vingtaine de couloirs semblant se perdre dans un labyrinthe sans fin, et aperçoit enfin une baie vitrée devant lui… et à travers : du bleu à perte de vue. Il plonge tête en avant, traverse la paroi et tombe dans le vide. En virevoltant dans l’espace, il aperçoit une dernière fois la coque de sa prison spatiale et cette étrange inscription « Guantanalien », avant de pénétrer l’atmosphère terrestre. Le froid et le manque d’oxygène se font rapidement sentir, ses yeux se révulsent, ses poumons sont sur le point d’éclater. Il lutte quelques instants contre la fatalité puis se résigne en repensant à cette vie pas si merdique que ça qu’il a eu la chance de traverser, et à cette évasion incroyable dont il vient d’être le héros, qui pourrait être le sujet d’un film ou au moins d’une news sur le site de la Lipaix. Au paroxysme des divagations de son esprit il aperçoit même au loin un être vêtu d’un collant bleu, d’une cape et d’un slip rouge. Deux grandes lettres « SB » peintes sur sa poitrine. L’homme aux muscles saillants l’attrape en plein vol, et le réconforte en quelques mots : « Tout va bien, c’est moi Bruno. Je te ramène à la maison. ».
Et voilà comment, quelques minutes, un gant de plastique, une noix de vaseline et un peu de pousse-mousse plus tard, ces fameuses photos peuvent enfin apparaître sur ces pages.
Une longue histoire, mais une telle fierté pour Mikado, Véro, Pierre, Laurène, Culbuto, Csilla et Raph, de faire désormais publiquement partie de la Lipaix.